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  • Photo du rédacteurSerge.Abad-Gaillardo

La visite de E.Macron à la Conférence des Evêques de France vue selon le Grand Orient de France

Dernière mise à jour : 11 juin 2018

A l’occasion de la visite du Président Macron à la soirée organisée le 9 avril 2018 au Collège des Bernardins par la Conférence des évêques de France, les obédiences maçonniques du Grand Orient de France et du Droit Humain ont publié un communiqué le 10 avril 2018, sous le même titre, citant la même phrase Victor Hugo : « L’Eglise chez elle. L’Etat chez lui »[1]. Pour paraphraser la formule habituellement utilisée en introduction d’ouvrages ou de film afin d’éviter un procès, « Toute ressemblance entre les textes des deux obédiences, ainsi que concernant l’identité de la date de parution, signant par ailleurs un zèle laïcard particulièrement affirmé, seraient-elles parfaitement fortuites ? ». Pour le Grand Orient de France, la visite du Président Macron génère le « risque que s’installe au plus haut niveau de l’Etat un retour aux anciennes pratiques du cléricalisme … la remise en cause de l’égalité républicaine… ». Rien de moins ! Et pour le Droit Humain l’acceptation par le Président de la République de se rendre à l’invitation des Evêques le « place en situation de sujétion ». Par ailleurs l’obédience mixte et internationale fustige la Conférence épiscopale pour s’être exprimé en 2013, peu après le vote de la loi sur le mariage pour tous : « … le Président de la conférence épiscopale s’est permis d’affirmer que « cette loi, même légale, serait toujours illégitime ». Le droit de libre expression ne serait-il plus garanti par la Constitutions Française ?

Tout d’abord, il semble plus que surprenant que ces deux obédiences maçonniques, qui font de la « tolérance » en matière d’opinion l’un des fondements de leur enseignement ésotérique, veuillent nier à l’Eglise catholique le droit d’échanger des points de vue avec le Président de la République qui est, faut-il le rappeler, le Président de tous les Français : Catholiques ou non. Francs-maçons ou non. La Constitution Internationale du Droit Humain dispose ainsi, par exemple, dans son article premier que l’objectif de l’Obédience est de permettre à toutes les femmes et à tous les hommes de « … bénéficier … d’une façon égale de la justice sociale … dans une humanité organisée en Sociétés libres et fraternelles ». L’Eglise catholique ne serait-elle pas libre d’inviter le Président de la République, et ce dernier ne serait-il pas libre d’accepter l’invitation ? La franc-maçonnerie ne s’est pourtant pas offusquée lorsqu’Emmanuel Macron, alors Ministre de l’économie avait été l’orateur d‘une « tenue blanche fermée » au principal temple parisien de l’obédience, le temple Groussier, le 21 juin 2016. Ou bien, surtout, lorsque le Président de la République François Hollande avait prononcé un discours dithyrambique sur l’action de la franc-maçonnerie le 27 février 2017. Or la franc-maçonnerie est bien une religion qui ne dit pas, qui ne veut obstinément pas dire, son nom. Ainsi que l’exprimait Vincent Peillon, citant les créateurs de la laïcité à la française : « Il faut que nous construisions une espèce de religion spécifique à la République … Cette autre chose va s’appeler la Laïcité. C’est une religion un peu hétérodoxe… c’est une laïcité qui nait dans les loges … »[2]. Ou mieux, Oswald Wirth, franc-maçon particulièrement érudit et reconnu, lequel affirme : « Reste à savoir si la franc-maçonnerie est oui ou non une religion … Ayons le courage de nous dire religieux et apôtres d’une religion plus sainte que toutes les autres. Propageons la religion de la République… »[3]. Enfin je crois clairement démontrer, dans mes conférences et dans mes livres[4], que la franc-maçonnerie est bien une religion.

Par ailleurs, on ne peut être que surpris par ce syndrome aigu de fièvre laïcarde qui semble avoir touché la Franc-maçonnerie[5] car le discours de notre actuel Président n’a en rien promis à une quelconque religion ( en l’espèce la religion catholique ) de prendre en main les affaires de l’Etat ! Bien au contraire, celui-ci a bien précisé que « …la voix de l’Eglise ne peut être injonctive ». Ce qui est dans la droit ligne de la théorie juridique de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Mais là où notre Président est plus subtil que les obédiences laïcardes, c’est qu’à une laïcité agressive et fondée sur le rejet des religions ( tout au moins de la religion catholique ), il semble vouloir privilégier une laïcité intelligente, et bien plus en accord avec le respect dû aux croyances ( ou non croyances ) des hommes. C’est à dire une laïcité de dialogue. Ce que la loi n’interdit nullement. C’est ainsi quand la franc-maçonnerie voudrait se poser en promoteur de l’exclusion, le Président Macron affirme que « reconnaître les uns n’est pas diminuer les autres. Je considère que la laïcité n’a certainement pas pour fonction de nier le spirituel au nom du temporel, ni de déraciner de nos sociétés la part sacrée qui nourrit tant de nos concitoyens ».

Enfin, et surtout, on ne peut être que très surpris qu’aucune obédience maçonnique ne se soit exprimée par communiqué, même moins vindicatif, lorsque, par exemple, la Mairie de Paris a organisé, le 6 juillet 2014, et sous la mandature de son actuel Maire, Anne Hidalgo, un buffet de rupture de jeune du Ramadan[6]. Ce buffet qui accueillait 450 invités pour un coût de 30 000 euros. De même la circonstance que cet événement soit reconduit chaque année depuis 2001, date à laquelle il avait été instauré par Bertrand Delanoë, es-qualité de Maire de Paris. Mais il est vrai que Bertrand Delanoë fut initié au Grand Orient de France[7] et que la candidature d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris en 2014 avait reçu le soutien d’une « fraternelle maçonnique »[8], dont les membres appartenaient au Grand Orient de France, à la Grande Loge Féminine de France, à la Fédération Française du Droit Humain, et à la Grande Loge de France[9]. De même que la franc-maçonnerie n’a jamais produit de communiqué outragé lorsque nos divers présidents ont assisté au dîner annuel du CRIF[10]. La vision de la Laïcité par la franc-maçonnerie serait-elle ainsi à « géométrie variable » ?

La laïcité véritable consiste en la considération de l’absence de différenciation dans le traitement des citoyens, qu’ils soient croyants ou non. Elle ne pourrait être réduite à une démarche visant à exclure du débat citoyen les uns ou les autres, tant il faut rappeler que la loi de 1905 trouve également sa limite dans l’article 10 de la Déclaration des droits de l’Homme de 1789 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public ».

Les catholiques n’auraient ils pas le droit de manifester leurs opinions, uniquement en raison de leur appartenance religieuse ?

[1] « http://www.godf.org-communiqué du 10 avril 2018 » et « https://www.droithumain-france.org-communiqué du 10 avril 2018 »


[2] Interview de Vincent Peillon sur la naissance de la IIIème république, 5 septembre 2012


[3] Oswald Wirth « La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes » T 3, « Le Maître », éd Dervy 1977 p41


[4] Serge Abad-Gallardo « J’ai frappé à la porte du temple », éd Tequi 2014, p 182 à 185 et « Je servais Lucifer sans le savoir », éd Tequi 2016 , « La franc-maçonnerie démasquée » éd La Bonne Nouvelle 2017 p 136 à 142, p 30 à 36


[5] La plupart des autres obédiences ne s’étant pas exprimées publiquement ont elles fait preuve de convivence tacite, de désintérêt, de prudence ? Mais qui ne dit mot consent …


[6] Le Monde 10 juillet 2015


[7] L’Express 29/8/2015, « www.lexpress.fr/portrait-de-famille-de-la-franc-maconnerie”


[8] Une « fraternelle » est un groupement plus ou moins important de francs-maçons appartenant à diverses obédiences et partageant des intérêts politiques ou professionnels communs.


[9] En ce sens voir « La Lumière, blog franc et maçon de l’Express », 15 juillet 2013


[10] Conseil représentatif des institutions juives de France.

 


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